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Grand entretien avec Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à l'Écologie

Grand entretien avec Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État à l’Écologie


Madame la ministre, quelle est la mission de la secrétaire d’État à l’écologie ?

Je traite différents dossiers portant sur les énergies renouvelables, la biodiversité et l’accompagnement des territoires dans leur transition écologique. Avec l’aide du ministère, nous mettons en place des dispositifs pour atteindre l'objectifs prévu par la loi de 32% d’énergies renouvelables (éolien, solaire, biogaz, etc.) de la consommation finale d'énergie en 2030. Nous soutenons la rénovation thermique des bâtiments individuels, collectifs et industriels. Nous signons des contrats de transition écologique avec les territoires pour les accompagner au mieux dans cette démarche. Plus largement, nous nous employons à créer des synergies et à mobiliser tous les acteurs de la société civile, associations, entreprises, citoyens, pour faire de la transition écologique une réalité et une possibilité pour chacun de nos concitoyens. Dans cette transition, tout est lié, l’écologie, l'économie et le social. Nous devons tous réussir en même temps et c'est bien le sens de l’action du gouvernement.

Quelles sont vos grandes convictions en matière d’écologie ?

Il y a urgence à agir face au changement climatique et à l'épuisement des ressources de la planète. J'ai la conviction que nous pouvons réussir et être à la hauteur de ces enjeux. Nous devons inventer un nouveau modèle d’économie de marché, plus responsable, durable et respectueux de la planète. Nous devons oeuvrer à trois transitions : celle de l'agriculture, celle de l'énergie et celle des villes (bâtiments et transports). Nous ne rendrons cela possible qu’en œuvrant collectivement au niveau national, et avec les territoires et les citoyens au niveau local.

Pensez-vous que l’Europe et la France puissent avoir un poids en matière d’écologie face à la Chine et aux États-Unis ? 

Elles ont ont déjà un et je crois que le succès de la COP 21 l'a bien montré ! Le Président a poursuivi cette ambition à travers le One Planet Summit. C'est ma collègue Brune Poirson qui suit tous ces sujets internationaux. Le rôle de la France et de l’Europe est d’inventer ce nouveau modèle durable et de montrer le chemin. La France et l’Europe doivent être le moteur de la transition écologique au niveau mondiale et montrer la voie aux autres puissances mondiales comme la Chine ou les États-Unis. 

Que pensez-vous des alertes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et pensez-vous que, d'ici 20 ans, avec la politique actuelle, nous serons en capacité de renverser la tendance ? 

Je prends ces études très au sérieux. Ce sont des alertes nécessaires qui nous rappellent que le temps presse. Je suis, bien sûr, inquiète de notre capacité à aller assez vite mais je sais aussi qu’il n’est pas trop tard. Si nous agissons ensemble, nous réussirons.

Considérez-vous que les actions individuelles ont un réel impact sur la planète ?

Oui, chaque action compte. La transition écologique, c’est un projet pour arriver à continuer à créer de la richesse et bien vivre tout en respectant les limites de la planète. Cela nécessite qu'on change tous nos habitudes et notre manière de faire. En tant que consommateurs, en changeant nos habitudes, nous changerons les choix des producteurs. En tant que citoyens, chaque décision que nous prenons peut avoir un impact positif sur la planète. Il n'y a pas de petites actions ou de petits changements si nous sommes tous à les faire.

Dans votre jeunesse, vous avez fréquenté les Éclaireuses et Éclaireurs Israélites de France. Cet engagement juif et scout a-t-il eu un certain impact sur vos convictions en matière d’écologie et sur votre engagement au service du bien commun ?

Cette expérience a été, personnellement, très enrichissante. Elle a été l'occasion d'un vrai contact avec la nature et un mode de vie simple. Ce fut un bon moyen de découvrir ce qui est vraiment essentiel. Cette expérience a aussi été celle de la vie collective de l'engagement. Plus grande, j'ai aimé être animatrice.

Il y a un certain silence des leaders de la communauté juive en matière d’écologie. Le regrettez-vous ? Considérez-vous que les communautés religieuses aient un rôle à jouer dans le combat pour protéger la planète ? 

Il ne m’appartient pas de porter un jugement sur la parole des leaders de la communauté. Je pense cependant que toutes les consciences et tous les appels d’autorités morales et spirituelles sont importants.

Publié le 15/03/2019


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