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Avant-propos

La Tora positionne les hommes dans un rapport de domination vis-à-vis de la planète qui annonce le projet cartésien de devenir « comme maîtres et possesseurs de la nature ». Dans le récit biblique, l’homme entre en scène à la fin de la Création, signé de sa position de supériorité. Dieu dit à son propos : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, pour qu’il exerce sa domination sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, le bétail et sur toute la terre et tout ce qui rampe sur la terre. » (Genèse, 1,26) Le judaïsme traditionnel assume cette position tout en imposant à l’individu et à la collectivité une responsabilité et un cadre moral face à leur environnement. Les commentateurs justifient de nombreux commandements bibliques par le souci de préserver les ressources, d'éviter le gaspillage ou encore de ne pas faire souffrir les animaux. cette idée est joliment résumée dans un midrash (Kohélet Rabba, 7) qui imagine Dieu faisant passer Adam devant chaque arbre du jardin d'Éden, puis lui adressant les paroles suivantes : « Regarde comme mes œuvres sont belles et louables ! Sache que tout ce que j’ai créé, c’est pour toi que je l'ai créé. Alors sois attentif à ne pas détruire et gaspiller mon monde ; car si tu le détruis, qui le restaurera ? »

Mais cette approche traditionnelle est-elle suffisante face aux défis écologiques contemporains ? Le judaïsme a-t-il pris la mesure des effets de la consommation de masse sur l’épuisement des ressources et la souffrance animale, des dangers liés à la pollution, à la perte de la biodiversité, au réchauffement climatique ou à la déforestation ? Comment expliqué la timidité des réactions des personnalités juives, et notamment des autorités religieuses ? Dans quelle mesure, d'ailleurs, le judaïsme a-t-il un souci de l'universel et son mot à dire concernant des questions se posant à l’échelle de la planète tout entière ?

Le relatif silence quant à ces questions peut sans doute s'expliquer par une certaine méfiance à l'égard des dérives idéologiques néopaganistes de certains Verts. Mais la position juive très modérée est aussi ancrée dans une certaine technophilie qui puise ses sources dans le Talmud et la kabbale qui invitent l’homme à transformer le monde.

Par ailleurs, comment réagir face au diktat du moralisme écologique tout en demeurant à l'écoute de la sagesse biblique et des leçons de la tradition juive ? Comment éduquer les enfants pour qu'ils prennent davantage soin du monde ?

Enfin, Israël s'est construit sur un modèle agricole et se trouve aujourd'hui à la pointe de l'industrialisation et de la technologie. Comme l'État hébreu appréhende-t-il les questions relatives au développement durable ?

Publié le 08/03/2019


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