Si la multiplicité des langues faisant suite à l’épisode de la tour de Babel peut être considérée comme un frein déplorable à la communication et à la compréhension d’autrui, certains commentateurs rappellent au contraire qu’elle est un rempart contre la pensée unique et l’occasion donnée à chacun de s’enrichir de la culture de l’autre dont la langue est le réceptacle. La Tora, disent les sages, fut d’ailleurs transmise en soixante-dix langues. Pour être comprise de tous mais aussi parce que chaque langue exprime une facette singulière de l’existence humaine.
D’ailleurs, si le fait de traduire expose au risque d’une perte de sens, certaines traductions, au contraire, le renouvellent et l’enrichissent.
Si notre langue conditionne notre identité, que révèlent l’hébreu – ancien et moderne –, mais aussi les nombreuses langues juives de notre façon d’être au monde ? Et que deviennent ces langues : yiddish, judéo-espagnol, judéo-arabe, yéniche et tant d’autres ? De quelle culture sont-elles porteuses ? S’il meurt vingt-cinq langues par an, comme le rappelle le linguiste Claude Hagège, les langues juives sont-elles concernées ?
Si la langue est l’expression du particularisme, que faut-il penser des projets de langue universelle, et notamment de l’espéranto, créé par un Juif revendiquant l’héritage des prophètes d’Israël ?
Publié le 01/09/2022