Numéro 15 - Retour au sommaire

Les mots pour le dire

Ecrit par Comite de redaction

חזק ‘Hazak

Au début du Livre de Josué, Dieu encourage ce dernier en lui disant : « Tu devras être fort et résolu (‘hazak véémats) pour observer fidèlement tous les enseignements que mon serviteur Moïse t’a prescrits. Que ce livre de la Tora ne quitte pas ta bouche, mais récite-le jour et nuit afin que tu puisses accomplir fidèlement tout ce qui y est écrit. » (Josué 1,6-8).

Puisque le texte évoque « ce livre de la Tora », le midrash (Béréchit Rabba 6,9) en déduit que Josué tenait un rouleau de la Tora entre ses mains et que, lorsqu’il termina de le lire, Dieu lui dit : ‘Hazak ! C’est pourquoi la coutume s’est développée de dire ‘hazak à celui qui finit de lire la Tora à la synagogue.

De façon générale, on dit ‘hazak ! à la fois pour féliciter quelqu’un pour un effort accompli et pour l’encourager à continuer à agir avec force (‘hozek). Il faut redoubler d’efforts (‘hizouk) dans bien des domaines et, selon le Talmud (Bérakhot p. 32b), notamment dans quatre où la routine peut aisément se transformer en paresse : l’étude de la Tora, les bonnes actions, la prière et le métier qu’on exerce.

L’effort accompli procure de la satisfaction. Il faut donc cultiver le goût (טעם, taam) de l’effort, qui donne du sens à l’existence (טעם לחיות). Le mot taam désigne aussi la cantillation de la lecture de la Tora (טעמים) qui donne elle-même du sens au texte.

 

מאמץ Maamats

Si, dans l’expression biblique « ‘hazak véémats ! »,‘hazak désigne la force, émats renvoie davantage à la vaillance, à la persévérance, au fait de faire un effort (maamats) de façon sans cesse renouvelée. « La force (‘hozek) devient vaillance (omets) lorsqu’elle est soutenue et qu’elle procède d’une détermination du cœur » (commentaire du Malbim sur Josué 1,6).

L’effort est aussi présent dans la racine שדל, comme dans le verbe להשתדל « s'efforcer de », qu’on retrouve en hébreu moderne pour parler des mouvements défendant telle ou telle cause (שדולה), comme שדולת הנשים, « la cause des femmes ». L’effort peut en effet être le fait d’un individu mais aussi d’un groupe social donné ou attendu de toute une société.

 

 

 

עמל Amal

Si « l’homme est né pour le labeur (amal) » (Job 5,7), il lui appartient, disent les sages, de choisir la nature (plus ou moins noble) des domaines dans lesquels il déploiera ses efforts (Talmud Sanhédrin p.99b, où les sages recommandent bien entendu de choisir le "labeur de la Tora"). Ces efforts finissent toujours par porter leurs fruits. Le Talmud (Méguila p. 6b) enseigne en effet que « si quelqu’un te dit : "J'ai travaillé dur, mais je n'ai pas réussi", ne le crois pas. Si quelqu’un te dit : "Je n’ai pas travaillé dur, mais j’ai réussi", ne le crois pas. Si quelqu’un te dit : "J'ai travaillé dur et j'ai réussi", tu peux le croire ».

 

 

עצלותAtslout

La paresse (qui n’a rien à voir avec l’application et l’attention recherchées qui procèdent de l’effort, ni avec le désir du repos, nécessaire pour reprendre des forces) est dévalorisée. Le roi Salomon nous met en garde contre les conséquences de la paresse (Proverbes 6,6-11) : « Va vers la fourmi, paresseux (עצל), observe ses voies et deviens sage : elle n’a ni chef, ni superviseur, ni maître et, pourtant, elle prépare en été sa nourriture et amasse durant la moisson de quoi manger (…) Paresseux, jusqu’à quand resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton lit ? Encore un peu de sommeil, un peu d’assoupissement en restant les mains croisées pour dormir… et la pauvreté te surprendra. »

 

 

Publié le 08/03/2022


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