Dans un texte étonnant sur fond de voyage temporel, le Talmud imagine la rencontre entre Moïse et rabbi Akiba, posant ainsi la question de la transmission et de l’interprétation des textes. Ce récit fit l’objet d’un magnifique poème d’Edmond Fleg (1874-1963), que nous souhaitions partager avec les lecteurs de L’éclaireur. Fleg fut écrivain et poète. Il fut aussi président des EIF de 1935 à 1949. Il inspira et conseilla Robert Gamzon, fondateur du mouvement.
L’articulation entre loi écrite et loi orale est illustrée de façon originale dans le traité talmudique Ména’hot (p.29b). Il y est question de rabbi Akiba, sage du Ier siècle, fils d’un converti et analphabète jusqu’à l’âge de 40 ans. Il est l’auteur de milliers de sentences et de règles. Le Talmud raconte que lorsque Moïse monta au Ciel pour recevoir la Tora, Dieu lui expliqua que viendrait un jour un homme capable de déduire des enseignements de chaque lettre du texte et même des petites couronnes (taguim) qui surmontent certaines lettres dans la calligraphie des rouleaux de la Tora. Moïse demanda à voir cet homme et fut transporté dans le temps, se retrouvant dans la salle de classe du rabbin. Il ne comprenait pas un mot de ce que le maître enseignait mais retrouva ses esprits quand Akiba rappela que tout ce qu’il professait avait été reçu par Moïse au Sinaï. Rabbi Akiba enseigne quelque chose de nouveau mais qu’il considère comme faisant partie de la révélation mosaïque. Il y a à la fois fidélité à la tradition et renouvellement (‘hidouch) du sens et de la pratique à chaque génération.
Publié le 04/01/2019