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Les Juifs des Émirats arabes unis

Ecrit par Jean-Pierre Allali

Le 15 septembre 2020 marque incontestablement une page de l’histoire du monde. Ce jour-là, à la Maison-Blanche, à Washington, ont été signés les Accords d’Abraham. Un traité historique, préparé par le gendre et conseiller du président américain, Jared Kushner, et signé par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Sheikh Abdullah bin Zayed, celui de Bahreïn, Abdullatif bin Rashid Al-Zayani, et le président Donald Trump en qualité de témoin.

On ne le sait pas toujours, mais ces deux pays du Golfe abritent de petites communautés juives qui, désormais, vont avoir tendance à se développer et à accueillir sans crainte les Juifs d’Israël et du monde entier.

Précisons les choses concernant les Émirats arabes unis.

Ce pays de 80 000 km2 compte une population de près de 10 millions d’habitants dont, situation unique dans le monde, environ 90% d’immigrants étrangers. État fédéral situé entre le golfe Persique et le golfe d’Oman, créé en 1971, les ÉAU sont une réunion de sept émirats : Abu Dhabi, Ajman, Charjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras El Khaïmah (qui a rejoint la fédération en 1972) et Oum Al Qaïwaïn. Bien que la plus grande ville du pays soit Dubaï, la capitale est Abu Dhabi et, en 2020, cette monarchie constitutionnelle est dirigée par le roi Khalifa Ben Zayed Al Nahyane.

Les ÉAU sont un producteur et exportateur important de pétrole et de gaz et se tournent également désormais vers les nouvelles technologies et le tourisme de luxe.

Du fait de l’immigration massive, notamment en provenance d’Asie, les religions pratiquées dans les ÉAU, outre l’islam (85% de Sunnites et 15% de Chiites) majoritaire, sont nombreuses. On trouve dans le pays des Sikhs, des Chrétiens, des Hindous, des Zoroastriens, des Bouddhistes, des Baha’ïs, des Druzes et… des Juifs. 

Il est difficile de chiffrer le nombre de Juifs vivant dans les Émirats. Quelques dizaines, selon certains, plusieurs centaines, selon d’autres. Et, pour ne pas simplifier les choses, on dénombre deux chapelles, celle des Juifs orthodoxes, avec une synagogue désignée comme « The Villa », que dirige Ross Kriel, originaire d’Afrique du Sud, et celle du mouvement Habad, animée par le rabbin Levi Duchman. Deux chapelles donc, deux lieux de prière, mais aussi un Talmud-Tora et des facilités pour l’approvisionnement en produits casher, une piscine et une résidence hôtelière casher.

La communauté est relativement récente, née dans le sillage d’hommes d’affaires juifs, il y a une vingtaine d’années. À l’intérieur de la synagogue officielle, un Sefer Tora sur lequel on peut lire ces mots : « Cette Tora est dédiée à Son Excellence Mohamed Ali Alabbar dont la vision et la personnalité ont inspiré ses amis, le pays et la génération. »[1] Ami du businessman juif new-yorkais Eli Epstein, Mohamed Ali Alabbar est le P-DG de Emaar Properties, l’une des plus grandes sociétés immobilières au monde. Eli et Mohamed ont même fondé ensemble une association vouée au dialogue interreligieux, « Les enfants d’Abraham »[2].

Fille de Pierre Besnainou, Sarah Besnainou vit à Dubaï depuis trois ans, avec son époux et ses deux enfants, des jumeaux nés en Israël. Cette femme d’affaires, qui, avec son mari, gère une entreprise de location de propriétés, ne tarit pas d’éloges sur les Émirats arabes unis où, selon elle, l’hospitalité est remarquable et où l’on ignore l’antisémitisme[3].

Dubaï, Abu Dhabi, ÉAU, futurs eldorados du judaïsme ? Seul l’avenir nous le dira.

 

Illustration : La synagogue de Dubaï (La mé’hitsa).

 

 

 

[1] Actualité Juive du 14 décembre 2018.

[2] The Times of Israël du 3 février 2019.

[3] Interview donnée au Studio Qualita le 7 septembre 2020.

 

Publié le 02/05/2021


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