Vous êtes le petit-fils de Golda Meir, ancienne Premier ministre de l’État d’Israël. Pensait-elle qu’elle était un modèle pour d’autres personnes que ses enfants ?
Elle ne se voyait pas comme cela, mais elle avait un très fort sens des responsabilités. Et un sentiment très clair sur la façon dont on doit se comporter dans la vie. Pour elle, le plus important c’était le bien commun. Elle n’était pas la seule d’ailleurs, il me semble que toute cette génération de pionniers d’Israël avait ce sentiment. Après, comme elle a eu toute sa vie un rôle proéminent en politique, elle savait que les gens pouvaient prendre exemple sur elle. Et parfois cela lui demandait de faire des efforts. Par exemple, pendant plusieurs années, elle s’efforça de ne pas fumer à la télévision quand elle était interviewée parce qu’elle ne voulait pas que les jeunes la voient fumer et pensent que c’est une bonne chose. De la même façon, quand elle discutait avec des jeunes, elle leur disait : « Faites ce que vous voulez dans la vie, mais rappelez-vous de toujours faire des choses pour les autres et de prendre soin d’eux, pas juste de vous-mêmes. C’est comme ça que vous avancerez. »
Qui étaient ses propres modèles ?
Elle admirait beaucoup l’actrice française Sarah Bernhardt qu’elle avait vue jouer à Chicago et qui l’avait vraiment impressionnée. Sa grande sœur Sheyna était aussi son modèle. Elle admirait le fait qu’elle ait été activiste dès sa jeunesse en Russie. Elle aimait beaucoup Eleanor Roosevelt également. En matière de politique, Berl Katznelson était son modèle et son mentor. Il était l’idéologue et l’un des principaux décideurs du sionisme travailliste. Il est mort avant la création d’Israël. Elle avait aussi beaucoup de respect et était amie avec les femmes de la Seconde Alyah, comme Mania Shohat, qui était précurseur du mouvement kibboutznik. Vers la fin de sa vie, elle avait beaucoup d’admiration pour Margaret Sanger, cette militante américaine qui lutta pour la contraception et la liberté d’expression et qui fonda le planning familial aux États-Unis.
Golda Meir était-elle féministe ?
Oui, elle soutenait vraiment la cause féministe. Le féminisme pour elle, c’était l’égalité parfaite. Elle adorait rencontrer des femmes qui se battaient pour l’égalité et elle a cocréé le Golda Meir Mashav-Carmel International Training Center à Haïfa pour aider les femmes à faire la différence dans le monde entier. Elle n’a jamais voulu être un leader seulement pour les femmes, mais pour tous. Elle assumait d’être une femme au sens où cela lui permettait de penser différemment des hommes en politique, de manière plus douce parfois. Mais elle croyait aux qualités humaines et au mérite de chacun, et pour elle ce n’était pas lié au genre.
Publié le 05/05/2021