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Enquête sur les modèles de la jeunesse juive de France

Ecrit par Benjamin Bitane et Philippe Levy

Benjamin Bitane. Pour ce numéro, la rédaction a décidé de laisser plus de place à la jeunesse afin qu’elle s’exprime mais aussi que nos lecteurs puissent davantage la comprendre. Car, s’il y a bien une constante de l’histoire, c’est que « l’adulte » a toujours attribué à la jeunesse des maux et des torts. Elle serait tantôt passive, consumériste, oisive, tantôt rebelle, irresponsable, fougueuse, etc. Fort heureusement, il existe des espaces qui tordent le cou à ce paradigme et qui témoignent du fait qu’il est tout à fait possible de croire en la capacité de la jeunesse d’aujourd’hui à réfléchir avec maturité et à faire preuve de responsabilité. C’est notamment le cas au sein des mouvements de jeunesse.  

Nous avons réalisé durant le dernier trimestre 2020 une étude sociologique[1] auprès de 846 jeunes de 14 à 25 ans. Pour les 14/17 ans, il s’agit notamment d’animateurs d’équipe (zadecks) ou de jeunes de la branche Perspective des E.I. Pour les 17/25 ans, ce sont essentiellement des animateurs ou cadres des E.I. Il faut également y ajouter une quinzaine de membres d’autres mouvements de jeunesse de la communauté et une soixantaine d’élèves de première et de terminale d’un lycée juif parisien. Cette modeste étude cherche à interroger les jeunes Juifs sur leur rapport à la notion de modèle, que nous pourrions définir comme une personne possédant des qualités idéales à laquelle nous nous identifions et qui nous inspire. 

Les jeunes d’aujourd’hui ont-ils des modèles ou sont-ils totalement imbibés de réseaux sociaux et de télé-réalité, « swipant » d’un youtubeur à un influenceur en quelques secondes ? 

Hervé Hamon et Patrick Rotman, dans l’excellent livre Génération. Les années de rêve (éd. du Seuil, 1987) portant sur la génération 68, expliquent comment la France connaît, à partir des années 1960 et jusqu’à aujourd’hui, l’émergence (importée des États-Unis) d’une « sous-culture » jeune avec ses propres médias, artistes, codes vestimentaires, représentations du monde, etc. Dès lors, pouvons-nous affirmer que les jeunes Juifs ont des modèles qui sont propres à leur génération et à leur tranche d’âge ? Qui sont ces modèles ? Pourquoi se réclament-ils d’eux ? Ont-ils des modèles de référence parmi les personnalités bibliques ou de l’histoire juive ancienne ou contemporaine ? C’est à toutes ces questions que notre étude s’est attelée à travers un sondage et des entretiens individuels afin de mieux cerner les perceptions des jeunes des mouvements de jeunesse et des écoles juives. 

Pour commencer, 89% des jeunes interrogés estiment avoir un ou des modèles

Concernant les 11% n’estimant pas en avoir, il s’agit pour eux d’exprimer une volonté d’indépendance à l’égard d’une personne tutélaire qui inhiberait les choix personnels et maintiendrait les jeunes dans une posture enfantine. Ainsi, Zack D. (19 ans) nous dit : « J’ai du mal à avoir un modèle. Pour moi c’est enfantin. Personnellement cela ne m’inspire pas. Il y a des personnes que j’ai envie d’écouter mais de là à suivre le même parcours... Je trouve que cela inhibe notre propre personnalité et enlève notre capacité à avoir un développement personnel. […] Je n’ai pas été élevé dans une logique d’avoir des héros mais plutôt de forger mes propres opinions. » 

Pour Eli R. (22 ans) : « Derrière le mot modèle il y a la notion de copie. Au lieu de copier, essayons d’avoir une originalité. C’est horrible de faire de sa vie une copie. Quand on parle de modèle à des jeunes, il y a un côté très conservateur. C’est une vision hyper patriarcale. Si on ne part pas d’une déception vis-à-vis du monde qui nous précède, alors qu’apporte-t-on ?  Quand on est jeune, justement, on a la souplesse d’esprit de remettre en question, d’être déçu par certaines choses. Il faut en profiter. »

 

 

Pour la plupart des jeunes, le modèle est avant tout une source d’inspiration dans leurs choix de vie et les valeurs qu’ils/elles défendent. En deuxième position, le modèle a un lien avec son histoire et son héritage. Il est à noter que le modèle « historique » est beaucoup plus présent chez les 14/17 ans que chez les plus de 17 ans. 

À la question (à choix multiple) « qui sont vos modèles ? » arrivent très loin devant les autres catégories : « un(e)/des membres de ma famille » (67%). 

Pour Elia V. (18 ans), par exemple : « Mes modèles familiaux sont pour moi très inspirants, par leur vie, leurs parcours. Ils me donnent envie de faire plein de grandes choses. Les problèmes qu’ils ont réussi à surmonter m’invitent à relativiser les miens, à me dire que j’ai la chance d’avoir une belle vie, une belle éducation.  Et puis ils sont proches de nous, c’est notre premier cercle. Il est facile de s’y identifier […] Quant à mes grands-parents, grâce à eux, j’ai beaucoup baigné dans la culture yiddish et pour des jeunes de mon âge et de ma génération c’est rare. Avec mes parents on lit la paracha toutes les semaines. Mes grands-parents étaient aux E.I. et ils m’ont transmis ça. » 

Eva A. (20 ans) nous dit : « On connaît les épreuves par lesquelles les membres de notre famille sont passés. Ma mère, par exemple, a eu une enfance très difficile et je suis fière de ce qu’elle a fait. On s’identifie aux valeurs qu’ils nous ont transmises. »

 

 

Philippe Lévy. J’avoue avoir été un peu surpris par ces résultats très inattendus. On ne cesse, ces dernières années, d’évoquer au contraire le fossé grandissant entre les générations. Dans Avoir 20 ans en 2020 : le nouveau fossé des générations (Claudine Attias-Donfut et Martine Segalen, éd. Odile Jacob, 2020), deux sociologues, grand-mères comme elles aiment à le rappeler, expliquent justement qu’on est toujours dans l’esprit post-68, où il n’est pas question pour les jeunes de s’imaginer ressembler à leurs parents. De la génération désenchantée des années 1980 qui prend conscience des difficultés économiques, nous sommes passés selon les auteures à une génération plus désenchaînée qui prend ses distances avec les aînés. On n’avance pas contre ses parents, expliquent-elles, mais hors d’eux. L’idée d’un héritage parental semble faire l’objet d’un rejet et l’on regarde ces aînés, ces fameux « boomers » (qui semblent par ailleurs dépassés par les nouvelles technologies qui seraient l’apanage de la jeunesse) avec défiance, comme si leurs valeurs et comportements étaient caduques dans une société dont le paradigme est profondément modifié, notamment par l’avènement des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC).

En cela, votre enquête montre que les jeunes interrogés sont conscients du courage de leurs parents et en tirent des leçons de vie pour avancer dans un monde incertain. Un dicton espagnol, hérité d’un proverbe latin, cría cuervos y te sacarán los ojos (littéralement : « Élève des corbeaux, et ils te crèveront les yeux »), renvoie à l’ingratitude légendaire des enfants perçue par leurs parents. Ces derniers seraient ici bien heureux de constater qu’il n’en est rien et que leur héritage est bel et bien revendiqué.

Mais, justement, ce qui m’interroge dans votre étude, c’est ce qui est vraiment revendiqué comme héritage. À quel titre le parent est-il au juste un modèle ? Icône ou mentor qui influe sur ses propres choix de vie ? Figure de la résilience comme l’évoque Eva ? Ou tout simplement maillon incontournable de la transmission… 

 

B.B. J’ai moi aussi été étonné par ces réponses. D’autant plus venant de jeunes de mouvements de jeunesse qui par essence sont des structures émancipatrices du « carcan » familial et scolaire. Je vois au moins deux réponses possibles. D’abord une certaine crise des idéologies qui fait qu’on s’identifie davantage à un parent qu’à une grande figure militante (politique, par exemple) exigeant l’adhésion à tout un système idéologique. Par ailleurs, notre étude concerne des jeunes Juifs des mouvements de jeunesse et des écoles juives. Dans cette population sensible à la tradition juive, la valeur famille est sans nul doute plus forte que dans l’ensemble de la société.

 

P.L. Je souscris davantage à cette seconde hypothèse. Sans doute ces milieux-là ont-ils échappé à l’imputation aux aînés de tous les maux dont souffre la société. Dans de nombreuses études – au contraire de ce à quoi vous arrivez –, les jeunes considèrent que les adultes ont failli et ont été incapables de faire face aux défis contemporains, laissant notamment aux générations à venir une planète en bien mauvais état. La crise sanitaire n’arrange pas les choses. Une enquête menée par Olivier Galland, le grand spécialiste de la jeunesse (Les jeunes Français ont-ils raison d’avoir peur ? 2009), a montré qu’1 jeune sur 3 estime avoir une relation problématique avec ses parents.

Dès lors, les jeunes que vous avez interrogés considèrent-ils la famille comme une valeur refuge dont on se dit qu’elle sera toujours là pour nous aider face aux probables difficultés à venir, notamment celles induites par la crise sanitaire ? 

Paradoxalement, cette présence affective et effective de la famille, que l’on peut parfaitement comprendre dans notre tradition eu égard au surinvestissement éducatif et affectif, oserais-je dire, n’est-elle pas, dans l’esprit de ces jeunes, de nature à limiter leur autonomie, en les « cocoonant », en les protégeant (« home sweet home ! ») d’une réalité sociétale plus rugueuse ? Pour le responsable jeunesse que je suis, qui côtoie régulièrement des éducateurs de tous horizons, s’émanciper un temps de la tutelle familiale, sans avoir à la renier évidemment, participe d’un processus d’émancipation, de révolte même, qui est à la source de la découverte de sa personnalité. Mais l’on sait en parallèle que le « démocratisme familial » devient une évidence dans les classes moyennes, comme le démontre si bien François de Singly dans Les Adonaissants (éd. Armand Colin, 2006). L’éducation vise moins aujourd’hui l’obéissance des enfants et des jeunes que la recherche de leur épanouissement et le soutien à l’expression de leur authentique nature.

 

B.B. L’étude a aussi interrogé les jeunes à propos des modèles de leurs propres parents. Les réponses sont intéressantes.« Un membre de la famille » reste le modèle supposé des parents le plus important, mais seulement autour de 57%, comme si l’adulte s’émancipait d’une figure familiale. Les figures de l’histoire juive sont évoquées à hauteur de 45%, donc de façon beaucoup plus forte que chez les jeunes eux-mêmes. Arrivent ensuite les écrivains (environ 40%, donc également beaucoup plus fort que pour les jeunes eux-mêmes). Vient ensuite « un grand militant » avec un énorme écart de perception entre les moins et les plus de 17 ans (32% pour les premiers et 43% pour les seconds). Enfin, notre enquête s’est a tenu à interroger les jeunes à propos des personnages bibliques ou de l’histoire juive ancienne ou contemporaine auxquels ils se rattachaient[2].

La personnalité juive arrivant très loin en tête aussi bien chez les moins et les plus de 17 ans est Simone Veil (65%), qui représente pour eux, comme le disent les jeunes en question, « une femme juive très forte qui a su mener plusieurs combats malgré énormément d’obstacles »« la prise de risque et le courage » mais également le fait qu’elle « a fait évoluer la femme dans la société ». En résumé (verbatim) : « Simone Veil est pour moi l’une des femmes les plus courageuses du monde. Sortie des camps, elle entreprend une carrière politique hors norme en tant que juive et femme et permet une des avancées les plus remarquables qu’est l’IVG. »  (Déborah A., 20 ans).

Sara H. (20 ans) explique : « Ce n’est pas étonnant pour moi que Simone Veil soit la plus reconnue pour nous. Elle était vivante quand on est né. Elle est plus proche que les patriarches par exemple. Et puis, elle a lutté pour la cause féministe. Elle a vécu la Shoah. L’IVG est encore une controverse aujourd’hui et ce n’est pas normal. Elle a montré qu’une femme peut avoir la même place qu’un homme. Elle a été capable de porter la paix entre les Européens après ce qu’elle a vécu. Sa dimension juive est le combat contre l’antisémitisme. Elle a continué à se dire juive après la Shoah. Elle a combattu les négationnistes. Elle a fait un grand travail de mémoire. Quand quelque chose me paraît infaisable, je pense à elle pour entreprendre. Par ce biais-là, je lui rends hommage. Par exemple, je vais organiser une activité E.I. sur les combats de Simone Veil. » 

Albert Einstein arrive en 2e position pour 27% des répondants. Il incarne pour les jeunes « une grande intelligence », « un des plus grands scientifiques du XXe siècle ». 

Moïse arrive en 3e position avec 22%. Il est perçu comme celui qui « a su mener le peuple à la sortie d’Égypte », celui qui « a fait preuve de courage et s’est totalement dévoué pour son peuple afin de le libérer de l’esclavage. Il est courageux, bon et brave ». Il incarne le leader dévoué à son peuple. 

Chez les 14/17 ans, arrive en 2e position à 28% « une figure de l’histoire juive », 25% « un militant », et à 21% « un sportif » de haut niveau. Les artistes sont loin derrière (autour de 12%). Quant aux idées reçues sur la jeunesse, les influenceurs ne sont des modèles que pour seulement 10,9% et les stars de la télé-réalité seulement 1,6%. Sur ce dernier point, à la question « classez ces modèles du plus au moins inspirant » (ce qui permet de pondérer le choix multiple), les stars de la télé-réalité sont arrivées de manière très marquée comme « pas du tout inspirantes » pour les jeunes. 

Chez les 17 ans et plus, l’ordre n’est pas exactement le même (pour les modèles autres que familiaux). Pour eux, il s’agit en 2e position, à 38%, d’« un grand militant », puis, à 30,7% d’« une figure de l’histoire juive ». Le fondateur d’une entreprise détrône le sportif (26,5%) puis viennent les artistes/écrivains/chanteurs (entre 15 et 20%). Si, bien évidemment, pour les deux tranches d’âge, le modèle est issu de la cellule familiale, il est intéressant de remarquer que le rapport à l’Histoire, et en particulier dans sa dimension juive, est plus prégnant chez les plus jeunes. Il aurait tendance à s’estomper avec l’âge.

 

P.L. Je ne suis pas du tout surpris par le fait que les jeunes déclarent ne pas être impactés par les influenceurs, instagrammeurs, stars de la télé-réalité, etc. Tout cela relève pour eux du divertissement et ils sont bien conscients de la superficialité de ces figures ainsi que des limites et dangers des NTIC.

En revanche, ce qui m’interroge avec le choix de Simone Veil ou de Moïse, outre les éléments de conjoncture pour la première (sa récente panthéonisation et son empreinte durable dans les programmes de formation des mouvements de jeunesse), c’est de savoir ce qu’ils entendent par « modèle » : admire-t-on le parcours de Simone Veil ou est-on prêt à défendre concrètement et activement les mêmes causes qu’elle ? Le modèle est-il celui dont on a le portrait dans la chambre ou celui qui inspire la pensée et les actes ? Quels sont, concrètement, les défis que souhaite aujourd’hui relever la jeunesse juive qui emprunte, à bien des égards, des motifs d’exemplarité de la vie et des combats de cette grande femme qui coche toutes les cases du modèle quasi totémique ?

Moïse est-il une vague figure historique ou une réelle source d’inspiration dans la vie de ces jeunes, le modèle, par exemple, d’un combat à mener hic et nunc pour la liberté ? S’agit-il d’icônes ? Ces grandes figures déclarées me semblent en contradiction avec l’attrition d’engagement concret de la jeunesse juive d’aujourd’hui, qui donne l’impression d’être parfois un peu étrangère au militantisme de terrain, et que j’explique via l’observation constante des expériences juvéniles par l’individualisme rampant et le rejet de tout formatage militant au sens institutionnel. Les jeunes forgent de plus en plus leur engagement dans leurs relations et pratiques, bien plus qu’en acceptant les mots d’ordre de l’école, de la famille, d’un syndicat étudiant, voire du mouvement de jeunesse, lequel ne cesse pourtant de les aiguiller sur des combats légitimes, mais qui doit repenser en permanence ses approches pour les confronter aux multiples tentations d’une société qui tire le jeune vers l’individualisme ou l’hédonisme. Même sur les réseaux sociaux, le militantisme reste très erratique et à la carte. Certes, les pétitionnaires de tout poil sont légion sur la Toile, et La Marche pour le climat a fortement mobilisé les ados, notamment. Mais bien peu ont manifesté dernièrement en hommage à Samuel Paty, et les causes citoyennes qui extirpent nos jeunes coreligionnaires de leur focale, souvent judéo-centrée, peinent à faire des émules. Ces jeunes sont bel et bien capables de mettre des mots sur les maux de la société sans agir pour autant dans l’espoir de les amoindrir. Même au sein des mouvements de jeunesse, le loisir ne risquerait-il pas de l’emporter si la dimension d’engagement ne lui est pas coalescente ? N’a-t-on pas, pour le dire autrement, un rapport trop révérencieux, trop académique, trop éthéré à ces modèles qui limitent l’action ? Même si je parais un brin sévère dans ce constat, je n’en reste pas moins optimiste et admiratif d’une partie de la jeunesse dont l’engagement est constant, surtout dans le champ de la solidarité qui demeure un terrain d’expression majeur des organisations de jeunesse, dont les E.I. sont d’ailleurs une parfaite illustration. Nous travaillons justement avec les mouvements de jeunesse, adhérents du programme NOÉ que je porte, à une visée plus performative de leur accompagnement. D’ailleurs, le plus souvent, les modèles immédiats des enfants et jeunes qui fréquentent les activités de leur mouvement ou les colos, ce sont les madrikhim, ceux qui littéralement montrent le chemin, sensibilisent et expérimentent dans le même temps, joignent à leurs paroles l’injonction d’un acte qui rend le monde meilleur. 

B.B. Je vous rejoins complètement sur cette interrogation. Est-ce que le savoir livresque sur ces « modèles » a changé quoi que ce soit de leur engagement ? Lors de mes entretiens, j’essayais par plusieurs questions de faire sortir chez les interrogés le rapport personnel, intime, incarné qu’ils pouvaient avoir avec Simone Veil ou d’autres figures. Systématiquement, on me répondait par un élément biographique factuel. Je me souviens qu’à un élève lui disant qu’il avait traversé tout le Talmud, le rabbi de Kotzk avait demandé : « Oui, mais est-ce que le Talmud t’a traversé, toi ? » Il y a toujours un risque, même dans les mouvements d’éducation informelle, d’une transmission trop académique, trop théorique, qui ne modifie pas en profondeur le rapport au monde. Il faut probablement que les éducateurs travaillent là-dessus, pour passer d’un savoir livresque sur les personnages de l’histoire juive à quelque chose de plus incarné, charnel, qui parle aux questionnements des jeunes de 2020.

J’ajoute que, quand il s’agit de combats qui ne concernent pas directement la communauté ou Israël, on a en effet plus de mal à mobiliser la jeunesse juive.

Pour en revenir à Simone Veil, mes échanges avec les jeunes font ressortir qu’elle est surtout un modèle de réussitesociale. Si nous les avions interrogés sur leur hiérarchie des valeurs, je suis certain que la réussite serait passée avant la nécessité de mener des combats justes (pour la planète, etc.).  Quant à la famille, on peut donc concevoir que ces jeunes voient notamment dans leurs proches des modèles de réussite et d’ascension sociale.

 

 

 

[1] L’éclaireur tient ici à préciser que cette étude a été réalisée avec des moyens humains et scientifiques modestes. Nous n’avons pas prétention à proposer une étude de référence sur la jeunesse juive de France. Nous n’avons pas pu, par exemple, mettre notre cohorte à l’épreuve de la question de l’échantillon représentatif ou encore faire des traitements statistiques complexes de croisements de données. 

Un très grand merci à Avital Amsellem pour son aide précieuse dans la réalisation de cette étude, ainsi qu’à Alexandre Nemni.

[2] Voici la liste complète : Adam, Ève, Abraham, Isaac, Jacob, Sarah, Moïse, Myriam, David, Esther, rabbi Akiba, Hillel, Rachi, Maïmonide, le Baal Chem Tov, Theodor Herzl, Marc Chagall, Albert Einstein, Sigmund Freud, Simone Veil, Elie Wiesel, le rabbin de ma synagogue, Delphine Horvilleur, Haïm Korsia.

Publié le 21/03/2021


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