דגם
Le modèle (déguém) est pris en exemple (dougma).
Le modèle peut aussi être celui/celle qui pose pour l’artiste, le mannequin (dougman/dougmanit). En hébreu moderne,דגם veut aussi dire « le modèle de telle année » : ce mot contient donc l’idée d’obsolescence. On peut en effet se demander dans quelle mesure la jeunesse peut encore s’intéresser aux grands modèles du passé.
« Exemple » se dit aussi משל machal, au sens d’une « parabole » ou d’un proverbe (comme ceux du roi Salomon : משלי). On est proche du mot mochel, « gouvernant », car on dirige d’abord et avant tout par l’exemple qu’on donne.
דמות
L’homme fut créé « à la ressemblance » divine (kidmouto). La racine דמ renvoie aussi au silence (démima), car, explique le rabbin S.R. Hirsch (dans son commentaire sur Genèse 1,26[1]), « l’objet ressemblant garde le silence vis-à-vis de son modèle ». Autrement dit « la ressemblance divine attendue de l’homme se présente au premier abord de façon négative car elle implique que dans tout son être il ne nourrisse ou n’entretienne rien de contradictoire avec les notions de vérité divine, d’amour divin, de justice et de sainteté divines. L’homme ne peut certes être identique à Dieu, mais il doit lui ressembler, ne doit rien tolérer en lui ou chez lui qui soit en contradiction avec Dieu ; sa vocation consiste dans l’aspiration à la sainteté divine ».
D’autre part, chercher à ressembler à un (ou à des) modèle(s) humain(s), c’est souvent laisser l’imagination s’emballer (dimyon possède ce double sens : « ressemblance » et « imagination ») et nous conduire à idéaliser l’autre, parfois de façon illusoire.
תבנית
Tavnit (dont la racine בנ renvoie à l’idée de construction comme à celle de filiation) désigne le modèle en tant que forme, paradigme ou format. Comme en français, le terme correspond à la fois à ce à quoi il faut ressembler et au prototype issu d’une modélisation.
L’homme a été créé suivant le « modèle du divin » (démout tavnito, selon l’expression liturgique des bénédictions nuptiales). Au moment de la construction du sanctuaire (michkan), de ses ustensiles et du candélabre (ménora), Dieu en montra préalablement à Moïse un modèle (tavnit), faisant office de plan (voir Exode 25, 9 et 25,40). Selon les exégètes, il s’agissait d’un modèle céleste (et d’une ménora de feu, contemplée par Moïse qui devait en fabriquer une réplique en or).
צדיק
Il existe plusieurs termes pour désigner les personnes dont il faut s’inspirer : le rav (maître) est avant tout un érudit ou une autorité rabbinique. Les rabbins du Talmud sont plutôt appelés talmidé ‘hakhamim, « disciples de sages », car leur érudition doit se traduire en sagesse ; cette dernière réside essentiellement dans le fait de toujours se considérer comme des élèves.
Le tsadik[2], « fondement du monde » (Proverbes 10,25), mène une vie conforme à la vertu et à la justice (tsédek). Il surmonte les épreuves, comme le fit Joseph, appelé « le juste ».
Tsadik est aussi le nom d’une lettre, צ, qui vient après le aïn (qui veut dire « œil ») et le pé (qui veut dire « bouche »). Car, dit un commentaire, le tsadik préserve ses yeux et sa bouche du vice. Ou encore parce que le tsadik est celui qu’il faut observer et dont il faut parler.
[1] Nous reprenons la traduction de N. Gangloff (éditions Kountrass).
[2] Ce mot hébreu est à l’origine du nom de Zadig, le personnage du roman éponyme de Voltaire, qui se distingue par sa moralité et sa sagacité mais qui pâtit de la jalousie et du vice des gens qu’il côtoie.
Publié le 07/03/2021