זכר Zakhar
Le masculin (zakhar) s’écrit avec les mêmes lettres que le souvenir (zékher), comme s’il était porteur d’un héritage (et d’un nom qui se transmet). S.R. Hirsch souligne (dans son commentaire sur Genèse 1,27) la proximité étymologique entre zakhar et sagar (« ce qui est clos », « qui conserve »). La Kabbale a beaucoup développé le thème de la potentialité masculine séminale que le féminin accueille, actualise, concrétise. Le principe du masculin étant notamment symbolisé par le soleil et celui du féminin par la lune.
L’homme est également désigné par גבר guéver, qui signifie aussi « coq » et qui évoque la force, la domination et l’héroïsme. Et qui se décline aussi au féminin : גברת guevéret.
נקבה Nékéva
Le féminin (nékéva) renvoie au réceptacle et, trivialement, à l’orifice. L’idée de perforation est utilisée en droit talmudique pour illustrer l’exigence de justice sans compromission ni exception (« Que la règle transperce la montagne », yikov hadin èt hahar). La racine NKB renvoie d’ailleurs à ce qui est « fixé » ou « désigné » (nikav). Le féminin est porteur d’exigence.
מין Min
En hébreu, un même mot – min – désigne le sexe biologique et l’identité sexuelle (c’est pourtant sur cette opposition sémantique que repose la théorie du genre).
Min désigne une « sorte de » ou une « espèce » : la Tora (Genèse 1,11 et 1, 21) nous dit que Dieu créa les végétaux et les animaux chacun « selon son espèce » (léminéhou). On parle ainsi des sept espèces (chivat haminim) de fruits et céréales qui caractérisent la Terre d’Israël ou des quatre espèces (arbaat haminim) réunies lors de la fête de Soukot.
Min peut aussi désigner une secte (dans le Talmud, les minim sont les courants hérétiques en tant que groupes constitués). Enfin, min désigne la provenance (min haarets, « depuis la terre »), c’est-à-dire la portion de quelque chose.
Dans son commentaire de la Tora (Genèse 1,11) Hirsch relie min à témouna, la forme ou la représentation, c’est-à-dire « l’ensemble des caractéristiques vitales par lesquelles un groupe d’êtres se distingue d’un autre. » Témouna (terme aussi utilisé en Nombres 12,8 pour parler de l’apparition divine) désigne donc la façon dont on se représente l’essence d’une ou de plusieurs entités.
Baal בעל
« Mari » se dit בָּעַל baal, qui veut aussi dire « maître », « possesseur », « propriétaire » (בעל הבית). Qu’on le veuille ou non, l’hébreu témoigne d’une conception asymétrique des statuts (au bénéfice de l’homme semble-t-il) entre le mari et l’épouse même si le Talmud invite le premier à considérer sa femme comme une princesse et à « l’honorer plus que lui-même ».
De baal dérivent les notions d’avidité et d’impatience (baalanout). C’est aussi le nom d’une idole cananéenne contre laquelle la Tora ne cesse de mettre les Hébreux en garde, ce qui souligne les dangers de la vénération de qui que ce soit – idole ou homme – d’autre que Dieu. L’asymétrie originelle entre homme (ich) et femme (icha) (qui veut aussi dire « épouse ») s’entend également dans le fait que le nom de cette dernière est construit en référence à l’homme. Edmond Fleg, André Chouraqui et Eliane Amado Levy-Valensi[1] traduisent icha par : « hommesse ».
Mais, il existe aussi, pour désigner la femme comme compagne, le terme רעיה réaya, construit sur la racine רע, « le prochain », qui inclut donc un peu plus d’égalité, de dignité et de réciprocité.
[1] Voir dans ce numéro l’article de Sandrine Szwarc à ce sujet.
Publié le 07/12/2020