Genre ! La polysémie de l’exclamation en titre de ce numéro est bien sûr volontaire. Elle veut d’abord mettre les pieds dans le plat franchement sur la question du genre, sur les débats de société et les interrogations éthiques, éducatives et politiques qu’elle charrie de plus en plus aujourd’hui. Les notions de masculin et de féminin sont ébranlées, mais pas seulement au sein du monde feutré des universités occidentales en tant qu’objet d’étude neutre. Car elles touchent à l’intime, la sensibilité des interventions est exacerbée. Car elles induisent une remise en cause de certaines formes d’organisation de la société, elles génèrent malheureusement des postures politiques, plus disposées à se donner un genrequ’à réfléchir en profondeur sur des thèmes pourtant existentiels pour chacun d’entre nous. Il s’agissait donc pour nous d’aborder cette question sans édulcorer son caractère explosif et tout en effectuant un véritable travail de pensée contradictoire sur la différence des sexes, qu’elle se conçoive dans l’intimité de chacun ou au sein du couple et de la famille, à l’aune des enseignements de la tradition juive.
La relation entre le masculin et le féminin est abordée par nos contributrices et contributeurs selon plusieurs modalités : la complémentarité (p. 10, p. 17), la distinction (p. 23) ou encore l’alliance (p. 33). Il sera donc beaucoup question, dans ce numéro, du couple (p. 36, p. 40) et de la relation entre les sexes (p. 71, p. 82, p. 94). Nous avons aussi tenu à évoquer le féminin en tant que tel, de la place des femmes dans la Bible (p. 44) à celle dans le judaïsme d’aujourd’hui (p. 51, p. 53, p. 68, p.74), tout comme l’identité masculine dans ce qu’elle a de singulier grâce à un entretien exclusif avec Élisabeth Badinter (p. 56).
Mais la différence entre masculin et féminin est parfois plus trouble qu’il n’y paraît (p. 59). L’homosexualité et la transidentité sont abordées sans détour d’un point de vue théorique, social, humain (p. 63) et culturel (p. 78). Conformément à la vocation de notre revue, nous avons tenu à ce que s’expriment, sur des questions telles que le rôle des femmes ou l’homosexualité, des sensibilités différentes permettant l’expression de positions originales[1].
Voilà donc ce qui vous attend dans ce 10e numéro. Eh oui, vous tenez entre les mains la dixième édition de L’éclaireur et nous sommes fiers d’avoir atteint cette étape symbolique grâce à l’intérêt que vous portez à cette revue. Elle n’est aujourd’hui financée par aucune publicité ni institution et votre soutien nous serait très précieux pour continuer encore longtemps cette aventure[2]. Bonne lecture !
[1] Je pense par exemple aux enseignements originaux du rav Aviges (à découvrir dans l’entretien qu’il nous a accordé).
[2] Vous pouvez nous soutenir en faisant un don via le site de la revue leclaireur.org ou par courrier : EEIF, 27, avenue de Ségur, 75007 Paris.
Publié le 07/12/2020