Noé eut plus d’une centaine d’années pour se préparer au Déluge meurtrier. Mais, raconte le Midrash, c’est durant son confinement dans l’arche qu’il dut faire face à des difficultés inattendues. Il dut aussi improviser pour la sortie de crise…
Peut-on se préparer à tout ?
« Être prêt », c’est être disposé et disponible à agir pour l’autre – comme le fameux « me voici ! », hinéni, d’Abraham répondant à l’appel divin –, mais c’est aussi être préparé et apte à remplir son rôle.
La pandémie planétaire a posé et pose encore la question de notre capacité – individuelle et collective – à nous confronter à un événement inédit. Les communautés et les leaders institutionnels, politiques ou religieux ont-ils été à la hauteur ? On a pu observer dans certains milieux du déni ou du laxisme face au virus, mais on a aussi constaté la façon originale dont les familles et les communautés ont su s’adapter avec créativité, par exemple dans la célébration de Pessa’h dernier. On sait que le Talmud et la littérature rabbinique sont friands de cas théoriques improbables qui facilitent une adaptabilité à des situations exceptionnelles. L’histoire a d’ailleurs familiarisé les Juifs à la « gestion de crise ».
Mais la vie n’est-elle pas toujours source d’imprévus, pour le meilleur comme pour le pire ? Le Talmud (traitéSanhédrin p.97a) dit que « trois événements surviennent sans prévenir : le Messie, une trouvaille et un scorpion ». Autrement dit, à grande comme à petite échelle, tout n’est pas forcément modélisable ou prévisible. Il y a des choses qu’« on ne voit pas venir ». D’où l’intérêt de repenser la notion juive de hichtadlout, la capacité à se préparer au mieux tout en sachant faire face à l’imprévu.
Publié le 03/09/2020