La « crise de l’autorité » analysée par Hannah Arendt se prolonge et s’accentue dans la sphère politique, familiale, scolaire, médicale, etc. Mais est-ce si grave ? Le judaïsme semble entretenir avec la loi et l’autorité une relation de méfiance – voire de défiance – qui causa bien du tracas aux leaders d’un peuple indocile « à la nuque raide ». S’il y a bien une crise de l’autorité, ne faut-il pas l’entendre dans un sens opposé, à savoir l’effacement de la figure du Juif contestataire laissant la place au Juif conservateur ou au seul « Juif de cour » ? Que reste-t-il de l’héritage hébraïque de ceux qui brisèrent les idoles et défièrent les Pharaons, et du message des sages du Talmud qui n’hésitaient pas à discuter l’autorité divine ? Dans la tradition juive, le charisme ne l’emporte jamais sur la stature morale (Moïse était bègue) et l’autorité du maître repose sur le fait d’avoir été librement choisi par son disciple (« Fais-toi un maître », dit le Talmud). Dès lors, que penser de l’émergence de rabbins-gourous ? Comment le judaïsme conçoit-il l’autorité politique ? Comment penser l’autorité des parents, des enseignants, des rabbins, dans le monde d’aujourd’hui ? Quelles leçons contemporaines nous donnent les grandes figures d’autorité de la Bible, du Talmud et de l’histoire juive ?
Publié le 02/06/2020