Le langage est ce par quoi nous communiquons. Ce par quoi nous parlons aux autres ou à nous-mêmes. Il y a cependant plusieurs axes et plusieurs niveaux de langage. Du mutisme le plus complet au message le plus ramifié, il y a comme un énorme trajet sur lequel nous progressons au cours de notre existence, ou plutôt au fil du développement de notre personnalité. Le bébé ne commence à communiquer que petit à petit, en rendant des sourires, puis en gazouillant et en initiant des contacts visuels puis auditifs. Il appelle ensuite, longtemps encore avant de dire son premier mot, puis son langage se développe, son vocabulaire s’enrichit, ainsi que ses registres. Certains gardent un usage plus ou moins limité de cet outil de communication, le réservant à l’expression de demandes, de besoins, au domaine du concret. Certains en perdent l’usage, momentanément ou définitivement, totalement ou partiellement, à la suite de tel ou tel événement occasionnant un traumatisme. D’autres apprennent à l’utiliser pour aller bien au-delà du quotidien pour l’expression des sentiments, appréciant, voire pratiquant la prose, le théâtre ou la poésie.
Au début du XXesiècle, Freud créa un mode de thérapie par le langage. Les troubles affectifs ou mentaux sont traités par son intermédiaire, et la psychanalyse est célèbre. Tous ont une idée, ne serait-ce que stéréotypée, de la façon dont elle se pratique, avec des interprétations (« Tu fais ceci parce que... ») intuitives ou savantes. Les interprétations les plus abouties, du point de vue du créateur de la psychanalyse, étant les interprétations « génétiques », c’est-à-dire celles où l’individu reçoit à entendre –et à digérer –une suggestion sur un lien entre son attitude, son trouble et quelque chose se rapportant aux générations antérieures ou à sa prime enfance.
Je veux expliquer en quoi le langage n’a pas le même impact aux divers âges de la vie et en particulier dans les cas où le traumatisme vécu par un individu a influé sur son développement psychique, bloquant celui-ci ou créant une régression.
En 1949, Bruno Bettelheim publiait son premier livre Love Is not Enough,dans lequel il racontait ce qui se faisait dans son Orthogenic School of Chicago, établissement thérapeutique « total » pour enfants et adolescents, c’est-à-dire comprenant un internat, une école et une prise en charge thérapeutique individuelle sur plusieurs années. Le love is not enoughsignifiait qu’il y a des situations dans lesquelles prodiguer de l’amour n’est pas suffisant pour compenser les carences affectives qu’il est indispensable de soigner. Mais qu’est-ce que soigner en de pareilles situations d’enfance détruite (puisque c’est de cela qu’il est question...) ? Donner des médicaments ? Même s’il arrive que des médicaments soient utilisés, il n’est ici question que de soigner par l’intermédiaire du langage. Soigner paraît ici très similaire à « prendre en charge », « prodiguer un environnement sûr et de l’amour », « accompagner avec bienveillance ». Mais alors quel langage ? Je veux ici analyser différentes approches du soin du point de vue de la place prise par le langage, à partir de deux exemples : celui de l’internat thérapeutique israélien longtemps dénommé Bné Brith et celui de La Maison de Nina.
L’établissement Bné Brith fut créé à Jérusalem par les « femmes Bné Brith des États-Unis et du Canada » à l’intention d’une partie de ceux qui sont connus sous le nom d’« enfants de Téhéran ». Il s’agit de quelques centaines d'enfants polonais « échoués » à Téhéran et qui, pris en charge par l’Agence juive, furent conduits en Israël (alors encore Palestine). Cette institution thérapeutique fut créée à Jérusalem pour vingt-cinq d'entre eux. De son côté, le film La Maison de Ninade Richard Dembo (2005) raconte quelques mois dans la maison d’enfants de l’OSE à Taverny, telle celles ouvertes par les E.I. après la rafle du Véld’Hiv pour recueillir des enfants ayant grandi normalement et dont les parents avaient soudain été emmenés en Allemagne, et qui eurent parfois, à la fin de la guerre, à recueillir des enfants libérés de camps de concentration. C’est le sujet du film, l’arrivée d’enfants d’un autre type, libérés de Buchenwald, au sein du groupe déjà constitué d’enfants français ayant bénéficié de conditions de vie normale jusqu’à la séparation d’avec leurs parents.
Dans les deux cas – celui des enfants de Téhéran et celui du film –,il faut différencier entre plusieurs types d’enfants, plusieurs impacts de traumatisme de l’enfance. Parle-t-on de la même manière ? Le même langage ? La même langue ? Le film paraît conférer une place très importante à ce thème du langage par lequel je veux mettre en lumière cette distinction.
Le langage sous toutes ses formes : les dialogues entre les personnages, les séquences de cours de français qui sont prodigués aux nouveaux arrivés, l’apparition de textes liturgiques, chantés ou non, et à travers les cas de divers enfants, tel ce frère et cette sœur arrivés après le reste du groupe et dont le film montre les hésitations, les sentiments exprimés verbalement ; tel cet enfant qui rejoint la maison de Nina après avoir été adopté par une famille non juive et dont le film montre les dialogues avec ces parents et avec Nina ; tels ces adolescents arrogants arrivés de Buchenwald qui savent parfaitement étudier le Talmud mais qui ne gèrent leurs affects qu’à coups de poing ; et tel le cas le plus difficile de cet enfant qui « ne parle pas » et que l’on voit replié sur lui-même, comme muré dans le silence. Cette place centrale attribuée au langage dans le film va nous permettre de souligner cette différenciation entre celui qui peut se suffire de l'éducation du jeune par le jeune et celui qui doit recevoir un traitement.
Les enfants accueillis chez Nina reçoivent ce qu’ils pouvaient escompter de mieux : affection, chaleur, amour. Et aussi un toit et la prise en charge matérielle. Il s’agit d’enfants en détresse auxquels il faut parler, qu’il faut accompagner, et ce, surtout par la parole. Or, cette parole est loin de couler de source comme l’illustre particulièrement bien le personnage de Marlène à qui incombe le triste rôle d’aller régulièrement aux nouvelles au sujet des parents des enfants. Nouvelles qui sont trop souvent mauvaises, voire indicibles. Comment dit-on à un enfant que sa mère ne reviendra pas ? Le film montre bien combien l’internat est tenu par des « animateurs E.I. », c’est-à-dire par des non-professionnels qui sont venus prodiguer leur amour et leur dévouement. Tous ces jeunes adultes parlent. Ils parlent aux enfants, se parlent entre eux, et il est question de tristesse, de joie, d’amour, de frustration, d’espoir, tous verbalisés. Le film est poignant et fait très clairement ressortir le fait qu’il y a deux formes de détresse.
Les enfants arrivés de Buchenwald ont une autre expérience de la guerre et du nazisme que celle des enfants de bonne famille qui, dans un premier temps, sont persuadés que leurs parents ont été emmenés dans des camps de travail, desquels ils reviendront et que la vie reprendra son cours. Les enfants de Buchenwald ont eux-mêmes subi le camp, l’expérience directe de la mort, de la cruauté, de la jungle humaine. Le film montre leurs comportements de bêtes pourchassées, d’enfants qui ont eu faim. Ils crient, se battent, volent, engrangent en secret. Ils sont en survie et agissent sans le verbaliser « à la guerre comme à la guerre ».
Les enfants de Téhéran étaient environ huit cents, enfants ashkénazes recueillis à Téhéran, enfants que leurs parents avaient réussi à faire quitter l’enfer vers l’est, ou qui avaient d’eux-mêmes trouvé cette voie. Après un voyage qui n’avait rien d’une croisière, il fallait encore –c’était avant la création de l’État –surmonter le blocus britannique. Accueillis au camp d’Atlit, non loin de Haïfa, les enfants furent répartis. Certains furent adoptés par des familles, d’autres furent intégrés dans des kibboutzim, et d’autres encore furent menés dans des maisons d’enfants sous la responsabilité du département « Alyah des jeunes » de l’Agence juive. Ces derniers ne sortaient certes pas des camps mais ils avaient vécu la guerre personnellement et avaient connu le manque, la faim, l’insécurité, la peur. Ils ont peut-être fait au réfectoire de leur maison d’enfants la même entrée « tsunami » que dans La Maison de Nina... Un internat thérapeutique dut alors être créé, à l’image de l’Orthogenic School de Bettelheim, pour ceux dont le traumatisme avait été plus destructeur et dont les besoins excédaient les capacités des trois autres types de structure. Ces enfants avaient connu la guerre, la folie nazie ou les avatars de l’exil. Cette accumulation de situations les avait psychiquement détruits. Ce ne sont pas uniquement les conditions extérieures qui déterminent l’impact sur le psychisme et le degré de traumatisme. Tous les enfants passés par les camps et tous les enfants de Téhéran ne sont pas arrivés dans le même état psychique. Certains ont pu s’intégrer dans de nouvelles familles ou dans des internats non thérapeutiques, où l’amour qu’ils ont alors reçu vint « réparer ». Pour eux, le langage est devenu un outil de communication. Ils furent aidés par les mots. Pour ces enfants-là, le contenu du langage est signifiant. On leur dit : « Çava aller. Dans deux heures, on sert le repas, si tu as besoin de quelque chose, tu peux me le demander », et ils « l’entendent ». Le message est enregistré, et, souvent, il fait du bien. Ce sont des individus qui savent se confier, tenir parfois un journal, lire.
D’autres n’ont pas eu ce privilège, ou alors la violence du traumatisme les a fait régresser à un état antérieur à celui où les émotions et les chocs sont gérés par les mots. Ceux-là ne sont nullement sourds, mais ils n’entendent cependant pas les paroles rassurantes ou aimantes de l’adulte. Ils ne le croient pas. Ils ne voient en lui que le kapo, le bourreau. Ils n’ont pas la possibilité psychique d’être rassurés par un message du genre : « On sert le repas dans deux heures. » Le manque est chez eux comparable à celui d’un nourrisson auquel il est impossible de dire : « Tu téteras dans deux heures. » Pour de tels enfants, comme dit Bettelheim, l’amour ne suffit pas. Et pourtant c’est avant tout par l’amour, et par son expression orale, que pourra se produire sinon une guérison, du moins une réinsertion dans la vie « normale ». Un amour considéré comme thérapeutique, mais un amour dans lequel une autre strate du langage est active. Ce n’est pas que le langage « normal » ou le langage « interprétatif » (langage classique du thérapeute) soient à proscrire. L’adulte doit parler comme la mère parle à son nourrisson. Mais l’enfant entend davantage la musique (la prosodie) que les paroles.
DansLa Maison de Nina,l’enfant prostré recouvre, à la fin du film, la faculté de parler du fait d’une expérience émotionnelle. Mais retrouver la parole n’est pas encore guérir. Et c’est d’une expérience émotionnelle non verbale que survient le changement. Et même une fois le changement accompli, il n’est pas encore tiré d’affaire. On le voit tout au long du film refusant de quitter ses vêtements de déporté, préférant l’isolement, et il y a toutes les chances que rien de ceci ne disparaisse spontanément, même après une forte émotion « saine ».
De pareils enfants rappellent ceux décrits par René Spitz dans les années 1960, ou très récemment par Boris Cyrulnik (qui parle en neuropsychiatre mais qui connaît le sujet en premier lieu par son expérience personnelle). Enfants des orphelinats qui semblent avoir perdu toute confiance en l’humanité, meurtris aux stades les plus précoces du développement de la personnalité.
Àla suite de la publication d’un autre livre, La Forteresse vide, Bruno Bettelheim s’était trouvé au cœur d’une polémique professionnelle internationale : il qualifiait d’autistes les trois enfants présentés dans le livre et ayant été soi-disant soignés dans son institution. La polémique –encore d’actualité –tournait autour de ce que l’on peut appeler les composantes biogénétiques de l’autisme. Bettelheim s’était vu accusé de maldiagnostic(plus tard il sera aussi accusé de malpractice) : l’autisme est un sujet explosif et on considère qu’il est insultant de qualifier d’autistes des enfants ayant été maltraités. L’autisme, c’est autre chose, vous dira-t-on, qui ne ressort pas de l’éventail des troubles mentaux. Et pourtant l’enfant du film, replié sur lui-même, évoque l’autisme. Au risque de m’exposer à l’opprobre, je maintiens qu’il s’agit d’autisme, au moins d’une certaine forme d’autisme. Pour de nombreux psychanalystes, Frances Tustin en tête, l’autisme est la forme la plus archaïque –et non délirante –d’organisation psychique. Et des enfants ayant grandi dans d’excellentes familles et dans de très bonnes conditions peuvent atteindre cet état tout comme des enfants maltraités affectivement depuis la plus tendre enfance. Chez les uns, le traumatisme a été majeur au point de les faire régresser vers la forme la plus primitive de réaction psychique. Chez les autres, le traumatisme les a empêchés de se développer.
Des internats comme Bné Brith ou comme celui de Bettelheim ne figurent pas parmi les « établissement pour autistes », pas plus qu’ils ne sont considérés comme des « établissements pour victimes de guerre », mais ce sont des structures vouées à des enfants ou adolescents dont le traumatisme mental est majeur, alors que nul ne peut lire cela sur leur visage quand il les croise. Ces enfants ou adolescents partagent pour la plupart la vie quotidienne des enfants de leur âge mais sont pourtant en énormes difficultés scolaires, relationnelles ou de gestion des affects. Ils sont souvent nés en milieu hostile, même si ce n'est heureusement plus de camps d’extermination qu'il s'agit. Ils peuvent avoir été adoptés (après avoir été abandonnés), avoir connu le chaos au sein de leur famille, avec parfois des problèmes économiques. Chez beaucoup de ces enfants, un trouble majeur du comportement se manifeste par la violence ou des attitudes asociales. Presque tous souffrent de troubles de la scolarité et de l’attention, et un nombre non négligeable d’entre eux ont des attitudes « autistiques » plus ou moins marquées. Nombre d’entre eux ont aussi subi –ou subissent, et/ou font subir –des abus relationnels ou sexuels, mais ces actes ne sont pas le fait d'une perversion, d'une pathologie ou d'une carence morale indépendantes, mais paraissent en réalité être le plus souvent réactionnels à leur état général psychiquement déficitaire. Leur situation permet de poser un regard critique sur le diagnostic tel qu’il est répandu aujourd’hui. Diagnostic phénoménologique et non dynamique. Diagnostic selon ce que l’observation révèle. Diagnostic selon lequel l’enfant estatteint de ceci ou de cela, et non est devenuatteint de ceci ou de cela. Parce que la plupart de ces enfants ne sont nés ni autistes ni déficitaires de l’attention, ni atteints de dyslexie ou de dyscalculie, et ils semblent l’être devenus. Et le traitement leur permet souvent d’atteindre un meilleur fonctionnement, tant au plan intellectuel qu’au plan social et relationnel.
Leur traitement est difficile et c’est la raison principale pour laquelle il doit se dérouler en institution. En effet, une famille n’a généralement pas les capacités de se mesurer à l’ampleur de la tâche. Mais leur traitement est un défi passionnant, précisément du fait de cette déficience majeure du langage, parfois jusqu’au mutisme, qui exige du professionnel d’autres compétences que celles proposées par Freud ou la psychanalyse classique. Avec de tels enfants, c’est aussi par le langage que se produiront les progrès, mais il n’est plus question de langage interprétatif. Il s’agit de langage au sens où le décrit Levinas dans Langage et proximité : un langage dans lequel l’expression des sentiments à travers le sourire bienveillant est le message principal que les mots ne font qu’accompagner.
Cet enfant du film La Maison de Ninaillustre la situation d’enfants meurtris au point de ne trouver comme moyen de défense que la coquille, la violence ou le passage à l’acte sous différentes formes. Il faut parler à ces enfants dans le but de leur permettre de supporter la proximité humaine, un peu comme s’il s’agissait d’un nourrisson en état de panique. Et il n’est pas impossible qu’au plan affectif leur cerveau soit dans un état de développement et de fonctionnement correspondant à l’âge de 1 an tandis les fonctions cognitives correspondent à leur âge chronologique réel. Le professionnel est celui qui sait jongler entre les différents niveaux de langage requis, et qui possède les structures lui permettant de surmonter les écueils émotionnels de la prise en charge et du suivi de ces enfants sur une longue période.
Le film décrit deux scènes de bagarre entre les adolescents : la violence est aussi malheureusement fréquente sinon récurrente dans les internats thérapeutiques comme Bné Brith. Elle illustre cette dysharmonie psychologique. C’est une violence qui est comme la version adolescente de l'accès de rage (temper tantrum) du bébé. Tandis que l’adolescent violent que vous avez alors face à vous est dans la situation émotionnelle du bébé en survivance.
De tels établissements thérapeutiques existent dans la plupart des pays européens ou développés. Y travailler requiert une disposition et une formation bien différentes de celles requises dans le cadre de l’éducation du jeune par le jeune (aux E.I. par exemple) comme celle de ceux qui pendant la guerre s’étaient consacrés corps et âme à ces enfants privés de leurs parents. Comme le montre très bien le film, les enfants qui vivent dans la maison depuis trois ans au moment de l’arrivée des enfants de Buchenwald ne souffrent d’aucune pathologie mentale. Ils ont été privés de leurs parents, mais pour la plupart à un âge où on peut déjà verbaliser son angoisse et espérer le retour. Les enfants de Buchenwald pour lesquels a été créé l’internat Bné Brith ou l’Orthogenic School ont été privés de leur enfance ou elle a été ravagée. Pour ceux-là, il faut des professionnels qui sauront utiliser le langage adéquat. Encadrés, membres d’une équipe pluridisciplinaire, ils ont les moyens d’aider ces enfants à surmonter leur « surdité » pour être ensuite aidés par une thérapie dans laquelle le contenu du langage est essentiel. Il s’agit de « psychothérapie développementale », c’est-à-dire visant à réparer cette dysharmonie du développement mental dont souffrent ces enfants. Ces derniers entrent dans l’institution dans une situation mentale en complet décalage avec leur âge civil. Le traitement, quand il marche, leur permet de se ré-harmoniser, de recouvrer leurs capacités, de devenir des adultes aimant, étudiant et travaillant. L’Orthogenic School of Chicago a changé de nom mais elle existe toujours. L’établissement Bné brith s’appelle autrement et il ne s’occupe plus depuis bien longtemps des enfants de Téhéran, mais d’enfants dont la situation mentale exige more than love.
* Psychologue et thérapeute à Bné Brith pendant vingt-neuf ans. Auteur d'une thèse de doctorat sur le traitement des adolescents à Bné Brith, intitulée : « L’espace potentiel d'où renaît l'écoute. Une étude sur la place de l'écoute dans le traitement d'adolescents "personnalité limite" soignés en internat thérapeutique », soutenue à l'université de Franche-Comté en décembre 1999.
Publié le 19/01/2020