זמן Zman
Le temps (zman) passe et chaque moment constitue une invitation (הזמנה) à être vécu pleinement. Si la vie est un processus continu, certaines grandes périodes s’en dégagent toutefois, porteuses d’attentes personnelles et sociales différentes.
« Âge » se dit גיל guil, terme qui désigne aussi l’allégresse, comme si chaque période de la vie portait en elle ses moments heureux et ses réjouissances. Ce terme peut aussi être rapproché de gal, une vague (au sens de « ce qui se démarque dans la continuité ») et une source.
נער-ה Naar(a)
Le nourrisson est désigné par le terme תינוק tinok (tinoket au féminin) qui dérive de « téter »(לְהַנִיק). C’est l’anagramme du mot תיקון « réparation », le parent projetant sur l’enfant ses propres désirs et regrets, ce qui n’est pas toujours la meilleure des choses pour sa progéniture…
De façon surprenante, vient ensuite l’enfant, ילד yéled, qui renvoie à la naissance (לידה, léda). Comme si l’on ne naissait vraiment qu’une fois sevré et en cours d’autonomisation.
Le jeune est désigné par le mot צעיר tsaïr, puis, plus tard par naar, terme qui contient à la fois l’idée de mouvement (נע) et d’éveil (ער). C’est à son propos que le roi Salomon dit qu’il faut l’éduquer « selon sa voie » (22,6), c’est-à-dire conformément à sa nature, ses inclinaisons etsa personnalité (et non selon des normes standardisées ou en l’obligeant à rentrer dans un moule qui ne sied pas à ce qu’il est).
Rabbi S.R. Hirsch explique que naar évoque le fait de « secouer » car le jeune « peut facilement se secouer pour se débarrasser de ses impressions ; jeunesse qui ne laisse rien s’attacher à elle, n’apprend encore rien de la vie et a plutôt tendance à vouloir tout développer à partir d’elle-même ».
La naara désigne, en droit talmudique, une jeune femme ayant entre 12 et 12 ans et demi.
מבוגר Mévougar
L’adolescence (bagrout, mot qui signifie aussi le « baccalauréat ») conduit au statut d’adulte (mévougar), terme dont la racine (בגר) est l’anagramme de guéver (גבר) : le héros, celui qui s’est dépassé.
ה- זקן Zaken/Zkéna
Plusieurs termes désignent la vieillesse parmi lesquels שיבה (séva), terme que la Tora utilise pour ordonner de se lever devant une vieille personne (Lévitique 19,32) et que Hirsch rapproche de séguev, la puissance et la force.
On dit aussi זקן zaken (zékéna au féminin), mot qui évoque zakan, la barbe. Jouant sur les mots, le Talmud définit le zaken comme « celui qui a acquis » (zé kana) la sagesse. Cette sagesse réside notamment dans la faculté à continuer à s’étonner et à se questionner. Le mot hébreu pour « sagesse » (חוכמה‘hokhma) est d’ailleurs l’anagramme de « force du questionnement » (koa’h ma).
Hirsch relie étymologiquement le mot zaken à sakhan (soin), sakana (danger) et miskénout(indigence) : la personne âgée est plus fragile, demande des soins et une attention soutenue (sakhan). Mais, dit ce commentateur, on peut aussi entendre ce dernier rapprochement étymologique ainsi : le vieux est un être attentif et très expérimenté.
Publié le 06/12/2019