Dans une société où l’enfant est roi, où l’on voue un culte à la jeunesse, où la population âgée, toujours plus nombreuse, rêve d’une vie éternelle, quels rôles peuvent (et doivent) jouer les représentants des différentes classes d’âge ?
La Tora nous raconte que la matriarche Sarah décéda à 127 ans. Mais le verset le dit d’une bien étonnante façon en soulignant qu’elle rendit l’âme à « cent ans et vingt ans et sept ans » (Genèse 23,1). Commentant cette singulière formulation, le rabbin Samson R. Hirsch explique que Sarah vécut pleinement son enfance, fut une jeune femme à la vingtaine et une adulte à l’âge mûr. Mais il arrive qu’on éduque un enfant comme un adulte en lui déniant le droit de jouer ou de rêver. Ceci contribue à produire des adultes se comportant comme des enfants (syndrome de Peter Pan) et génère une confusion des âges. La chance et la grandeur de Sarah, ce fut de vivre chaque période de sa vie d’une façon adaptée à son développement psychosocial.
La société de consommation qui pousse à l’adulescence et le prolongement de la durée de vie bousculent nos repères quant aux âges de l’existence. Le recul de l’âge moyen de la maternité et la possibilité donnée aux femmes d’enfanter de plus en plus tard (mais pas aussi tard que Sarah qui fut mère à 90 ans !) modifient nos modes de vie et les relations familiales et sociales. La tradition juive, qui maintient certains rites de passage comme la bar/bat-mitsva et enseigne le respect envers les parents et les anciens – respect qui repose sur la distinction des âges de la vie – peut-elle nous éclairer sur ces changements ? Peut-on « rester jeune » tout en étant adulte ? Comment repenser la vie des seniors et accueillir le quatrième âge ? Quelle incidence ont les traumatismes infantiles sur la vie d’adulte ? Comment faciliter le dialogue des générations ?
Publié le 03/12/2019