Numéro 6 - Retour au sommaire

L’Edito

Ecrit par Jérémie Haddad

Une application (FaceApp) très populaire permet, à partir d’une photo (de soi ou de n’importe qui), de faire rajeunir un visage ou, au contraire, d’imaginer à quoi il ressemblera dans dix ou quarante ans. Expérience amusante ou inquiétante, selon le résultat... mais toujours surprenante car elle permet de mesurer combien la vie est à la fois faite de continuité et de changement. L’expression hébraïque ‘haï vékayam (« vivant et existant ») est d’ailleurs interprétée comme relative à cette tension vitale entre ce qui évolue (‘haï) et ce qui demeure (kayam). La vie est un processus continu mais rythmé, selon la pensée juive, par certaines étapes-clés que nous souhaitions appréhender de façon traditionnelle mais également à travers le prisme de la modernité (allongement de la durée de vie, évolutions de la place des femmes et de la structure familiale, nouvelles questions bioéthiques, etc.).
Changement et continuité de l’existence s’articulent autour de la quête de soi.

 Le fameux «Deviens qui tu es !» du poète grec Pindare en constitue l’enjeu. Le rabbi de Kotzk enseignait d’ailleurs que la vertu consiste à accorder nos actes à notre nature. De même, bénir quelqu’un, c’est lui souhaiter de découvrir son essence et de s’y ajuster. Les crises existentielles, les réussites et les échecs ont toujours quelque chose à voir avec notre degré de fidélité à nous-mêmes. Le célèbre maître hassidique rabbi Zoucha d’Anipoli rappelait à ses disciples : « Dans l’autre monde, on ne me demandera pas ”Pourquoi n’as-tu pas été Moïse” mais plutôt ”Pourquoi n’as-tu pas été Zoucha ?” » C’est d’ailleurs pour cela que le Talmud n’invite jamais à aller contre sa propre nature mais à la sublimer.
Bonne lecture et... lé’haïm!

Publié le 01/12/2019


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